Des nouvelles de l'orphelinat de Koh Kong

En février 2009, nous sommes allées avec Claudie à l'orphelinat de Koh Kong à la frontière Thaïlandaise et nous avions emmené les enfants à la mer.
J'y suis retournée fin octobre, les enfants grandissent, certains partent, de petits nouveaux arrivent.

La petite Chan, retouvée dans la forêt, est presque méconnaissable tellement elle est devenue grande et raisonnable. Mais elle continue à venir se blottit régulièrement sur les genoux pour chercher un calin.



L'histoire des quatre derniers enfants arrivés n'est pas tres belle. Ils ont leur parents, mais le père tabassait toute la famille. Il faut voir les sequelles physiques sur les gamins (et psychologiques evidemment). Une des gamines aurait meme besoin d'être opérée pour réparer sa jambe. Faut dire aussi que traîner un gamin au sol par une jambe, c'est pas terrible pour les articulations, surtout a 3 ans. La mère a fini par fuire en Thailande avec la grand mère.... mais elle a juste oublié ses enfants. L'aînée de la fratrie qui avait 12 ans a fui la maison avec ses deux petites soeurs et son frère sous le bras. Ils ont été récuperés pas les flics, et vue l'état dans lequel ils étaient ont été confies à l'orphelinat. Ca fait un peu petit poucet... mais c'est juste la realité. La grande soeur a maintenant 13 ans. Elle est encore complétement dans cette histoire avec un sentiment qui ne la quitte pas de devoir protéger les petits. Les trois autres sont étonnants tellement ils semblent avoir une capacité apparente de résiliance. Il faut les voir éclater de rire a tout moment, espiègles comme pas deux.




La peur de l'orphelinat est de voir débarquer lè père revenir chercher l'aînée et la dernière. pas le cadet, c'est un garçon, pas la troisième, elle a la jambe foutue.


Gros boulot cet aprèm avec les gamins de l'orphelinat, un tas de quelques mètres cube de sable à déplacer, un sable bien mouillé par la grosse pluie de la 1/2heure précédente. Pour le faire, une pelle, deux râteaux, un seau, deux paniers en bambous, des petites pelles en plastics et une quinzaine d'enfants d'un age moyen de 8 ans. L'inventeur de brouettes a dû oublier le Cambodge. Increvables, ces gamins. Au début, j'hésitais à trop les charger, mais ils en redemandaient toujours voulant porter plus lourd que le copain. Ils allaient vite en plus et trouvaient que je mettais du temps à remplir leur panier, ça les faisait rire. Un grand soleil chaud brillait juste après une belle grosse pluie, une humidité terrible partout, je suais à grosses gouttes, mais impossible de s'arrêter, je ne pouvais déclarer forfait puisque eux ne demandaient que ça. Même la petite Chan portait de grosses pelletés de sable en riant avec ses copines. C'est qu'elle a beaucoup change depuis l'année dernière. Elle a pris des centimètres, c'est une "grande" maintenant par rapport aux dernières arrivées. Tout en pelletant, j'en arrivais à souhaiter un gros orage soudain qui nous oblige à s'arrêter. Chacun avait un outil en main, personne ne râlait, le travail se faisait.

Mais quel voyage, Pascale !
Ce fut vraiment riche en expériences humaines !

Et puis un carnet ici nous fait attendre la suite de l'autre... Tu t'en sors très bien pour captiver les troupes et les garder tranquilles

Pendant que l'on pelletait, j'ai passé mon appareil photo à un des petits qui était fier comme tout de faire le reportage et qui a mitraillé.

Finalement, le tas de sable s'est déplacé et la fin de journée est arrivée vite. A 6 heures, la nuit décide de s'imposer. Longue discussion avec Makara et Samath, ma filleule et celui de Jacotte. Leur problème est complexe. Ils veulent faire des études, mais le coût est autrement plus élevé que lorsqu'ils sont à l'orphelinat. Il faut aller sur Phnom Penh, se loger, les études sont payantes et au niveau bourse, je ne suis pas très certaine que cela existe. Il n'y a rien en place pour qu'ils puissent étudier hormis aller à la pagode pour les garçons. Gros dilemme, comment leur expliquer qu'on ne peut assurer la totalité du coût de leurs études, qu'on peut juste les aider. Pour ces jeunes adultes, quand on est français, on peut tout s'acheter, l'argent n'est pas un problème. En fait, ils comptent sur nous pour leur avenir d'étudiant.

Pendant qu'on discute, les autres petits sont autour de nous, riant, jouant, insouciants. Ils sont heureux, ces gamins. Les petites se disputent mes genoux, mais jamais ça ne pleure. Celle qui est sur les genoux se serre contre moi des qu'une autre s'approche, alors elles s'escaladent entre elles, se cassent la figure, rigolent et remontent. Les gamines sont à croquer. Les garçons un peu plus distants, ils ne montent pas sur les genoux, mais jouent a la provoc et passent derrière faire des chatouilles.






A l'heure de la douche, chacun y va, les petits d'abord qu'il faut shampouiner, savonner, rincer, sécher... Avec le shampoing, facile de faire des coiffures délirantes avec des mèches dans tous les sens. Séances photos et fous rires ensuite.

cecile qui a un coeur gros comme un camion a écrit:

Mais quel voyage, Pascale !
Ce fut vraiment riche en expériences humaines !

Ah oui, alors, c'était vraiment riche ! et je ne sais pas encore si je vous parle des deux jours passés chez Loran et de la relation avec sa petite de trois ans.
Ce qui est étonnant, c'est que j'ai l'impression qu'on ne fait pas des masses de calins au Cambodge, mais là, vriament, j'en ai une une bonne dose.
Cherchaient ils des bras de mère ou de grand-mère ? non, Pit, ne répond pas.

Trop bon de lire ainsi ce que tu as vécu. Dommage que Claudie n'ait pas accès au forum de l'Asso
Je blague... elle en manque pas une ligne, elle déguste tes récits, les photos et reconnait tout juste Chan, qu'en sera t il des jumeaux ?... les enfants changent si vite à cet âge !
Si Claudie est impatiente de les revoir, moi j'ai hâte de les connaître

Merci, tu de nous faire patienter en nous donnant de leur nouvelles

En toute logique, il est en lecture pour tous et Claudie doit mettre ses lunettes

Tu te rends même pas compte que tu nous énerves en te lisant on boit café sur café

Et c'est pas fini !!!!

j'refais une cafetière alors

Le lendemain, on a continué notre terrassement débuté de la veille. A peine ai-je sorti la pelle qu'ils sont tous arrivés en renfort sans qu'on ait rien à demander. Uns énergie terrible. Et puis des trombes d'eau sont tombées, tellement fortes qu'on ne s'entendait plus. Je pensais qu'il fallait arrêter (ce que j'ai fait), mais pas eux. Ils adorent être sous la pluie. Mais ce n'était pas un orage, ça durait, ça durait, avec des gouttes tellement lourdes que la pluie tombait toute droite. Les enfants étaient trop contents. Pour ce soir, la douche était prise.



Dans la soirée, dîner en tête à tête avec Makara, ma filleule. Son anglais n'étant pas bien meilleur que le mien, vous imaginez la discussion philosophique qu'on a pu avoir ! Par contre elle pensait qu'en France, j'avais à la maison une femme de ménage, une cuisinière, un jardinier, une nounou... vrai de vrai. Il fallait voir sa stupeur quand je lui ai dit que je faisais les différents rôles, comme toutes mes copines d'ailleurs. Pour elle, on nage dans le confort, l'argent et on ne fait pas grand chose.....!






Quitter l'orphelinat avec la certitude d'y retourner un jour est beaucoup plus facile qu'un départ qu'on pense définitif. Je sais que j'y reviendrai. Les plus grands seront partis, les petits auront beaucoup changé et de nouveaux bouts de chou auront besoin d'être cajolés. Je les laisse sereine entre les soins d’Anne Marie et Tarry qui a remplacé Chantal. Les relations étaient très compliquées entre Chantal, les enfants et les responsables de l’orphelinat, mais ils ont trouvé une perle avec Tarry, la nouvelle intendante-cuisinière-nounou des enfants. Elle parle un peu français, suit les cours d’anglais donnés par Anne-Marie aux petits et veille sur sa marmaille comme une mère poule.



Mais le portrait de l’orphelinat qui pourrait sembler idyllique n’est pas tout rose. Certes, les petits sont à l’abri, ils mangent et sont soignés, ils ont de l’amour, mais il y a une grande incertitude face à leur avenir et à leurs études. Les parrains et marraines ne peuvent financer ce coût élevé. Seuls les meilleurs d’entre eux peuvent espérer avoir une bourse, et quand on a 10 ans, il est difficile de comprendre qu’on doit se bagarrer davantage que les autres et être le meilleur à l’école. Tarry ne peut batailler tous les soirs pour que les devoirs soient faits, il faut qu’ils le comprennent tout seul. C’est une question d’avenir. Que faire des plus grands lorsqu’ils ont leur bac en poche et qu’ils veulent garder leur place à l’orphelinat. Chaque lit occupé par l’un d’entre eux est une place en moins pour un petit qui arrive.

Beaucoup de choses ont été faites, les enfants sont heureux… beaucoup de questions restent en suspens.

Pascale, je suppose que Crevette se pose la même question : est-il pour toi envisageable de passer du temps (3 - 4 semaines) en tant que volontaire dans cet orphelinat ?

A mon avis.... mais ce n'est que le mien.... oui !

Je te donnerai les coordonnées d'Alina qui est présidente de l'asso. Un sacré bout de femme !

Emouvant... j'imagine qu'il y a encore beaucoup de choses à faire là-bas...

Une information que je viens de recevoir :
Une amie infirmière a passé quelques semaines dans un orphelinat à Phnom Penh, orphelinat également pris en charge par l'Eléphant Blanc de Koh Kong...

Séba a écrit:

Pascale, je suppose que Crevette se pose la même question : est-il pour toi envisageable de passer du temps (3 - 4 semaines) en tant que volontaire dans cet orphelinat ?

Si tu vas faire un tour sur le site de l'éléphant blanc, tu trouveras les temoignages de quleques benevoles reçus au cours de ces deux dernières années... C'est une démarche connue de l'asso, c'est donc possible !

Mais ne polluons pas le post de Pascale, on en reparle samedi si tu veux Seb !

Ne t'inquiète pas, Crevette, ce n'est pas de la pollution. Au contraire, cela concerne l'orphelinat. Ce n'est pas mot port mais le leur

Oui j'ai effectivement vu le site où il est indiqué que c'est possible mais la question portait plus sur la pratique que sur la théorie...