La vie au village.

Jusqu’à présent, on passait beaucoup de temps à l’école et avec Théa et on habitait tout près de la maternelle. Cette vie à proximité des enfants semblait idéale. En fait, maintenant qu’on est excentré, la vie est finalement bien plus riche. L’avantage d’être maintenant un peu plus loin et que l’on voit d’autres gens avec qui on peut tisser des liens et qui n’auraient sans doute pas osé tant qu’on habitait face au chef du village. De jour en jour, on a l’impression de faire partie du décor. Les voisines d’en face viennent nous voir, on leur offre le café voire le petit porto du soir avec l’une d’entre elle, elles nous montrent leurs 6 ou 8 enfants. Ce matin, j’ai passé un petit moment chez l’une des voisines à broyer des herbes avec lesquels elle a faire une sorte d’onguent pour mettre sur les pieds de son mari qui souffrait. Ensuite, un autre bon moment chez l’autre voisine à scier et clouer du bois pour faire ces sortes de grandes tables situées devant les maisons et sur lesquelles on fait tout.
Une vraie vie de village.
Ensuite, on a eu la surprise de voir une jeune femme de 20 ans, Sreyline, qui habite au village et qui parle français. Orpheline, elle a été de 9 à 18 ans chez PSE et c’est comme ça qu’elle parle le français. A 18 ans, elle s’est mariée et a donc quitté l’association. Habitant Phnom Penh avec ses beaux-parents, ils ont été expulsés pour se retrouver depuis 3 mois à Trapaing Anchanh. La famille n’a pas eu de terrain, ils louent juste la maison pour 5$ par mois. Ses beaux-parents ne travaillent pas, le beau-père a une autre femme. Le mari de Sreyline travaille comme maçon à Phnom Penh, mais ne rentre qu’une fois par mois au village. Il y a donc très peu d’argent. Sreyline dit qu’elle veut travailler mais qu’elle réfléchit à ce qu’elle veut faire. En fait, il n’y a pas de travaille au village et comme elle n’a pas de mobylette, impossible de se déplacer. Conclusion, elle s’embête toute la journée, vivant chez ses beaux-parents en attendant le retour de son mari. Un homme qui travaille pour toute la famille, les autres « attendent ».

Hier, un coréen est venu chez nous et on a presque cru qu’il allait rentrer dans la maison. A sa vue, notre voisine a fait une vilaine grimace. En fait, cet homme est le propriétaire de la presque totalité des maisons autour de nous. Lorsque les gens sont expropriés de Phnom Penh, l’Etat leur donne un terrain au village. A eux de bâtir la maison. Ils empruntent alors pour construire. Souvent, ils se retrouvent trop endettés et ne peuvent plus rembourser. La maison est alors saisie. Les gens se retrouvent alors simple locataire et toujours endettés.
Une autre chose intrigante au village est cette grande maison riche tout près du marché.

C’est en fait celle d’un homme qui fait beaucoup de micro crédit à des taux énormes avoisinants les 15% mensuel. Quand les gens se retrouvent coincés, le créanciers se retrouvent alors tout simplement propriétaire de la maison. Ce riche propriétaire possède des quantités de maisons au village.
Et le phénomène n’est pas prêt de s’arrêter. Quand on est venu l’an passé, il y avait à l’Est du village une grande rizière. Cet été, la parcelle avait été divisée en une cinquantaine de lot et sur chaque parcelle trônait au fond un toilette de 3m² sur 3 m de haut. Aujourd’hui, c’est 50 maisons qui sont en cours de construction ou terminée. En brique, en bois, en tôle ou avec des bâches, chacune son style. Toutes les 3 maisons, une petite boutique qui vend des tas de bricoles.

Pour en revenir à l’école, il y a maintenant des cours d’anglais donnés par une association coréenne. Chaque jour, les enfants (les 3 premiers de la classe et les plus pauvres) peuvent suivre 3 heures de cours. Comme ils ne vont à l’école que le matin ou l’après-midi, le reste du temps peut être consacré à ces cours. On a d’ailleurs pu constater que les enfants du village que l’on voit régulièrement depuis 3 ans et qui nous retrouvent le soir pour jouer ont fait de gros progrès. On peut enfin communiquer un peu !

aarff... la pauvreté est souvent le fond de commerce de quelques uns.

Merci Pascale pour ce retour, on voit à quel point le village de Trapaing anchanh est voué à devenir une petite ville; à force d'expropriation ou expulsions..

Sreyline pourrait peut être être précieuse en matière d'échanges, non ? Elle parle mieux le français que Théa ?

Pas très gai tout ça...
Le malheur des uns...

Ca confirme l'impression que j'avais eu l'an dernier, l'économie est dans les mains chinoises ou coréennes, et pas toujours pour le meilleur !

Je ne savais même pas que Pascale était à Trapaing Anchanh... merci pour le compte rendu et bon séjour, qui j'espère continuera à aider ceux qui en ont bien besoin !

salut pascale,
je pense que l'idée de yann est à creuser.
Pourquoi ne pas en discuter avec Théa afin d'employer Sreyline pour des cours de français? ou directement par l'asso comme une personne relai
même un emploi à temps partiel à 40 dollars/mois
A ce jour et sauf erreur de ma part, la cotisation des membres n'est que de 10 Euros mensuel (un simple paquet de clopes!) on pourrait sur la base d'un volontariat doubler cette cotisation
perso, je suis partant

En fait, il s'avère que Sreyline parle français, mais franchement pas très bien. Et, jugement peut-être un peu hâtif, elle paraît un peu "juste".
Quand elle nous a montré sa maison nous diant de venir la voir, on lui a répondu qu'on arrivait, mais que l'on finissait le café avec les voisines. Deux minutes, elle nous appelle au téléphone en disant "Ben alors... tu viens ?"
Elle nous a présenté une copine à elle nous disant "elle s'ennuie, elle vient jouer avec moi".
Bref, on peut donner d'autres exemples qui font que ce ne sera pas une personne ressource intéressante. Mais ce n'est que mon avis.

On rebouche le trou de l'idée

Bon Yann,
laisse-moi un peu de place, j'arrive avec ma pioche!!

Boucher les trous, c'est ce que j'ai fait ce matin. Le chemin devant la "maison" était plein d'ornières profondes remplies d'eau. Cette eau est noirâtre et pue, inutile de se mettre les pieds dedans.
Il n'y a pas d'esprit communautaire au village, donc tout le monde s'en fou et patauge dedans. J'ai demandé sa pioche au voisin et j'ai commencé à applanir. Du coup, il est même venu m'aider !

fais un gros trou pour cléo avec ta pioche, il parait qu'en avril c'est Hot de chez Hot

Pascale, chef de travaux a écrit:

Du coup, il est même venu m'aider !

C'que c'est que de montrer l'exemple !

Quelques images de l'école. Ce qui a été fait l'a été possible grâce aux dons fait à l'asso, à la vente des calendriers et par toutes les actions menées pendant l'année pour trouver des fonds.
De chouettes réalisations déjà, mais la tâche est grande.

A notre arrivée dans la classe, toute fraîche repeinte et son carrelage neuf. Les deux salles ont été refaites.


C'est maintenant 60 enfants qui mangent tous les jours à l'école. Le repas est financé par l'asso.


Les grands aident à décharger le tuk-tuk des tables et tabourets que l'on vient d'acheter pour équiper les classes des petits.


Avec les institutrices et les enfants, on décore la nouvelle salle de classe.


Drôle de jeu pour les petits.


A la demande de Théa, on reproduit le logo de l'asso sur le mur de la classe.


Les petits sont fiers d'avoir maintenant de vraies tables pour travailler comme les grands.


Inauguration des nouvelles salles de classe avec Théa, directeur de l'école.


Voilà une petite partie de ce qu'on peut faire avec l'argent de l'asso

Que de transformations !

Que je suis contente de voir ce résultat !!!
C'est super joli, c'est propre, c'est plus confortable pour les enfants, génial !!!

J'avais hâte de voir ces photos !

Pour moi qui ne suis jamais allée à l'école de T.A., c'est très impressionnant de voir la classe des petits avant/après ! Quelle différence ! Plus de confort et plus de propreté, avec les décorations en plus, c'est génial !

Ma cop's qui habite une si belle région a écrit:

Pour moi qui ne suis jamais allée à l'école de T.A., c'est très impressionnant de voir la classe des petits avant/après ! Quelle différence ! Plus de confort et plus de propreté, avec les décorations en plus, c'est génial !

Ouais, tout pareil ! Que de beaux changements pour ces petits !

Vive Taiderpourlase !!! et achetons des calendriers 2012 : Regards d'avenir 2012

La première fois qu'on est entré dans l'école en février 2009

Quelques photos récentes du village, histoire de se rendre compte de tout le boulot qu'on peut y faire. Des quartiers qui se développent, des gens pauvres qui survivent, 30 familles séro positives juste dans notre quartier, des familles bien en dessous du seuil de pauvreté;
Il va falloir en vendre, des calendriers ...

La route d'accès au village


Nos voisins derrière la maison


Nos voisins d'en face


Le nouveau quartier qui n'existait pas cet été


Où est la route ?


Elevage intensif


Nos petits voisins


Les mêmes, jouant à la pâte à modeler avec l'argile du chemin


A la recherche du dîner du soir


Au marché


A la bibliothèque de l'école


Une nouvelle maison


Dernières minutes avant le départ

En effet, ça sent la précarité...
Le monde à la bibliothèque me fait dire que ces petits mômes-là doivent sauter sur toutes les occasions qui se présentent pour changer le quotidien...

Quel plaisir de reconnaitre certaines bouilles, d'observer les changements... mais en même temps le village semble de plus en plus délabré... faute à l'eau de cette année ?

oui, ils ont bien besoin de nous !